mercredi 29 février 2012

Lu dans le SM-WEEKS de ce jour !!





 
MARTHE OGOUNDÉLÉ ET KETTY KARAM
Deux femmes qui veulent changer les mentalités
Marthe Ogoundélé, tête de liste Saint-Martin pour Tous (SMPT), et Ketty Karam, membre de la liste, ont accepté d'évoquer pour nous un point important de leur programme politique pour les élections de mars prochain : le Vivre Ensemble et la prise en compte des nombreuses communautés qui vivent à Saint-Martin. 

S'il est un endroit où les communautés sont particulièrement nombreuses, c'est bien à Saint-Martin. Selon la liste SMPT, il y aurait sur la partie française un peu plus de 80 nationalités différentes, comprenant deux, trois ou quatre générations de Saint-Martinois nés sur le territoire, mais issus de l'immigration. 

« Saint-Martin a le devoir de relever le défi de l'intégration et de refuser de marginaliser des pans entiers de sa population. Notre diversité, notre complémentarité sont une force ; pas un handicap. », expliquent les deux femmes en préambule. Partant de ce constat, la liste SMPT s'est fixé comme objectif de prendre en compte dans sa politique tous les citoyens sans exception, « une clé, selon Marthe Ogoundélé et Ketty Karam, pour lutter efficacement contre la grande pauvreté ». 

Sur les 40 000 habitants de la partie Française de Saint-Martin, SMPT estime la population immigrée à 54 %, les populations immigrées les plus représentées étant la population Haïtienne et la population Santo Domingo. Il y aurait donc à Saint-Martin plus d'immigrés que d'autochtones, sachant que ces nombreuses communautés vivent côte à côte depuis plusieurs décennies, sans vraiment se côtoyer. « Il faut également prendre en compte le fait que dans toutes les familles saint-martinoises aujourd'hui, il y a des éléments extérieurs. Toutes les familles sont pluriculturelles, c'est sur ce constat qu'il faut désormais bâtir la société de demain », ajoutent les deux femmes. 

« L'objectif de notre liste est d'apporter notre vision d'une société pluriethnique. Notre propos n'est pas de détailler toutes les difficultés liées à la présence des étrangers à Saint-Martin (réguliers ou clandestins), mais bien d'énoncer une réalité qui dérange certains. Nous ne devons plus nous voiler la face... Il est indispensable d'établir ensemble un véritable projet d'intégration : LE VIVRE ENSEMBLE ! », expliquent-elles encore. 

Pour améliorer le vivre ensemble, le SMPT compte utiliser les outils d'intégration mis à sa disposition par l'état, à l'instar du CUCS (Contrat Urbain de cohésion sociale), qui ne fonctionne pas suffisamment à St Martin, et de l'intégration par l'emploi et l'éducation. De la richesse des différentes communautés, la liste Saint Martin pour Tous souhaite enrichir le territoire. En matière d'éducation, nous devons adapter notre école à la réalité locale. L'alphabétisation des parents pour qu'ils soient mieux à même d'aider leurs enfants dans leur scolarité est un aspect important de l'intégration. SMPT propose d'ailleurs la création d'une école des parents et le développement des rencontres pour valoriser les cultures. Sur le modèle de l'ORIV (observatoire régional de l'intégration d'Alsace, SMPT compte créer le guide des étrangers de Saint-Martin, qui favoriserait leur intégration. Se pose ici la question des régularisations... « L'Etat doit se positionner sur cette question, et la coopération avec Sint Maarten doit également être au cœur du débat », explique Ketty Karam.   

Créer un conseil des communautés

Au même titre que les conseils de quartiers, SMPT propose la création d'un conseil des communautés, qui aurait pour mission essentielle de créer le lien entre les populations et l'exécutif, afin de faire remonter leurs besoins respectifs. Des antennes et des médiateurs seront placés dans les quartiers, pour aider les immigrés à mieux comprendre le système français et leurs droits (administratif, santé, social). 

Mais dans ce cas, n'y a t-il pas un risque de voir augmenter les demandes de droits, dans un contexte financier déjà très critique pour la COM  ? 

A cette question, Ketty Karam répond que la situation est telle, qu'il n'est plus possible de vivre comme si des pans entiers de la société n'existaient pas. « Il faut avoir ce courage !, estime t-elle, L'accès aux soins, aux droits, à l'éducation, doit être développé, mais au préalable, c'est avec l'état français qu'il faut renégocier. Car les aides sociales ont été complètement sous-évaluées. Les vrais chiffres doivent sortir et les budgets réajustés en conséquence, c'est une question de courage politique ».

La création d'un festival annuel des communautés pour apprendre à mieux se connaître est également préconisée par le groupe SMPT. Marthe Ogoundélé et Ketty Karam sont aussi persuadées qu'il est indispensable de contrôler ce qui se passe au sein des communautés religieuses sectaires, par la prévention et l'information, pour éviter le repli sur soi.

Selon SMPT, la construction de parcs, d'aires de jeux où les mamans pourraient se rencontrer, mais aussi des lieux de vie animés dans les quartiers et dans les zones résidentielles, sont autant d'outils à développer pour que les communautés se côtoient davantage. Le tissu associatif, qui joue déjà ce rôle sur le terrain, doit accompagner cette politique du vivre ensemble. « Mieux connaître l'autre contribue aussi à lutter contre le sentiment d'insécurité », ajoute encore Ketty Karam.

« Quand on se dit être une liste d'ouverture, c'est précisément dans ce sens qu'il faut travailler, il faut casser le repli communautaire, et ce n'est pas le cas de toutes les listes qui se disent d'ouverture dans cette campagne... », estime Marthe Ogoundélé.

Selon les deux candidates, « la COM a le devoir de faire le lien entre les communautés, et après 25 ans d'une immigration incontrôlée, il est temps qu'elle traite cette question politique, en s'appuyant sur l'article 74, et en affrontant les réalités de notre territoire ». Pour les deux femmes, la question du logement reste essentielle, « sachant qu'il est préférable de favoriser l'accession à la propriété, plutôt que le logement locatif social, et de réactiver la résorption de l'habitat insalubre (RHI). ». Un aspect important de la campagne 2012.    N.L.

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